31/01/2012

The Descendants : derrière le paradis, le mélodrame frustrant

The Descendants : 2,5 / 5

The Descendants nous arrive fort de ses deux récompenses aux Golden Globes, celle du meilleur drame et celle du meilleur acteur pour George Clooney. Mais il s'agit aussi pour Alexander Payne de réussir à nouveau dans le registre de la comédie douce amère, après le rafraichissant Sideways qui avait remporté l'oscar du meilleur scénario adapté en 2004. Pareillement à ce road movie qui parcourait l'espace peu connu des vignes californiennes du comté de Santa Barbara, The Descendants se déroule dans un décor peu représenté dans le cinéma américain, l'archipel d' Hawaï. Mais le film utilise-t-il vraiment ce cadre atypique de façon optimale ?



The Descendants s'ouvre sur le gros plan d'une femme souriante faisant du jet-ski, interrompu par un écran noir. Après un générique sur un fond d'écran floral accompagné d'une musique hawaïenne traditionnelle, les premiers plans décrivent une île paradisiaque de carte postale, qui évoque la représentation d'un Paris idéalisé au début de Minuit à Paris. Mais là où l'ouverture du Woody Allen correspondait à la vision émerveillée du personnage de Owen Wilson, la voix off de Matt King (George Clooney) ironise sur l'image idyllique de l'île où il vit jusqu'à un agressif "Le paradis peut aller se faire foutre". Car le spectateur retrouve bientôt le narrateur et antihéros dans une chambre d'hôpital, au chevet de la femme du premier plan plongée dans un coma à la suite de l'accident qui ouvrait en fait le film. A la place du dépaysement, on se retrouve donc très tôt plongé dans un drame familial, mais l'introduction du film trouve son originalité en liant la vie de Matt à l'histoire de l'état où il vit et à sa géographie puisqu'il a hérité de terres encore sauvages dont il est sur le point de perdre l'usufruit. Sa vie familiale est à l'image de Hawaï, un groupe d'individus isolés qu'il compare aux îles séparées de l'archipel.




Après cette exposition enthousiasmante, The Descendants ne parvient malheureusement pas à proposer une intrigue assez surprenante pour réellement convaincre. Le film expliquant dès ses premières minutes que les jours de la femme de Matt sont comptés, l'enjeu est déplacé sur la reconstitution possible d'un noyau familial autour de Matt, opérée à travers l'annonce de la mort prochaine de sa femme aux proches et la poursuite de l'amant qu'elle avait. A partir de ce schéma classique, le film fait se suivre des scènes tour à tour dramatiques et comiques, mais peine à émouvoir, à l'image de la réaction de la fille ainée de Matt à l'annonce de la mort prochaine de sa mère : sa plongée sous l'eau de la piscine et le cri qu'elle y pousse ont quelque chose de trop mis en scène pour produire l'émotion voulue. Alors que Matt fait à ses filles le récit d'anecdotes concernant sa femme, on est frustrés de ne recueillir que des fragments de récits, illustrés par des images du groupe marchant sur une plage filmée en plan d'ensemble. Cette distance par rapport aux sentiments des personnages, l'usage systématique d'une musique folklorique hawaïenne qui devient au fur et à mesure le seul signe d'une culture qui n'est présente que de manière superficielle, produisent une lassitude croissante. Jusqu'à un final mélodramatique ponctué de contre-champs de la morte en sursis alors qu'on lui fait ses adieux, procédé tire-larmes agaçant.


Tout ceci est fort dommageable car on a envie d' aimer ce film, pour ses personnages fragiles et attachants et les acteurs qui les incarnent avec conviction. On ne peut que saluer la justesse de Shailene Woodley, jeune comédienne à suivre, et la présence de Robert Forster en beau-père aux apparences sévères mais qui titube en se levant de sa chaise produit un moment émouvant (enfin!) lorsqu'il abandonne sa carapace une fois seul avec sa fille. Quant à George Clooney, il est effectivement convaincant en héros ordinaire , débarrassé de son aura de star, mais ceux qui le découvrent bon acteur ont du oublié sa prestation dans le Solaris de Soderbergh. Jack Nicholson avait remporté pour Mr Schmidt du même Alexander Payne le Golden Globe, parce qu'il dévoilait une fragilité inédite chez lui et jouait de son corps vieillissant. Devant les larmes inédites de Nicholson, on ne pouvait qu'être émus ; devant celles de George Clooney, on aimerait l'être davantage.

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